Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté

Chroniqueur, essayiste et sociologue d’origine québécoise, à partir de 2011 il devient tranquillement une figure majeure de l’écosystème médiatique de Québecor. Il commence à contribuer à des médias français en 2014 pour éventuellement remplacer Éric Zemmour aux ondes de CNews (le pendant de Fox News de l’autre côté de l’Atlantique). Sa portée médiatique est importante et sa vision politique est résolument conservatrice, son nationalisme définitivement identitaire.

Dernière mise à jour : 7 janvier 2025.

  • Janvier 2025 | Justin Trudeau démissionne et le commentateur était fin prêt pour décrire son bilan. Son tract aborde les thématiques habituellement chères à Mathieu : l’immigration (« submersion démographique », « mise en minorité du peuple québécois », « immigration illégale [maquillé par] un droit d’asile dénaturé ») et l’islam (« Le Canada est non seulement le pays du multiculturalisme d’État, mais aussi de l’islamisme d’État », « [le] concept pourtant sans fondement d’islamophobie, qui sert exclusivement à diaboliser et à criminaliser la critique de l’islam et de l’islamisme »). Selon lui, Justin s’inscrit dans « l’extrême centre mondialiste » (qu’il qualifie aussi « oligarchie mondialiste »).
  • Décembre 2024 | Le commentateur exprime son soutien au projet de François Legault de légiférer pour interdire la prière en public. Avec son habituelle subtilité, il titre son texte « Résister à l’islamisme conquérant ». Il se permet d’affirmer qu’il faut « distinguer l’islam de l’islamisme » toutefois un paragraphe plus loin, il ajoute que « l’intégrisme islamique a tout fait pour devenir l’islam tout court ». Il termine ainsi : « L’extrême gauche anti-occidentale pousse notre civilisation à la soumission et l’autodestruction ».
  • Novembre 2024 | Mathieu commente la victoire de Donald Trump, en réutilisant essentiellement les arguments du camp républicain, notamment une référence au grand remplacement : « les trumpistes ne veulent plus de l’immigration massive, qui transforme profondément la structure démographique et identitaire de nos sociétés, et condamne la population native à devenir étrangère en son pays ». Pour lui, Donald Trump ne fait pas partie de l’élite : « les trumpistes en ont marre, mais marre, de voir les élites culturelles multimillionnaires moralisatrices expliquer au commun des mortels ce qu’il a le droit de penser ou de ne pas penser ».
  • Octobre 2024 | Le chroniqueur s’attaque au droit d’asile : « […] le droit d’asile est devenu un principe délirant qui pousse les sociétés occidentales à l’autodestruction ». Il n’offre pas de statistiques ou de preuves pouvant justifier ses affirmations. La référence à une « autodestruction » est un appel assez explicite au grand remplacement, une théorie complotiste qu’il répète assez souvent. Il termine ainsi : « Disons-le plus brutalement: le droit d’asile est devenu une arnaque ».
  • Septembre 2024 | Un ex-commandant du SPVM déplore le peu de progrès accompli sur le dossier du profilage racial et Mathieu en profite pour balayer du revers de la main le concept en son entièreté : « Les services de police se sont soumis, sous la pression médiatique, à ces deux concepts [le profilage et le racisme systémique]. Ils se sont couchés devant des militants harceleurs hostiles à la police souvent déguisés en experts universitaires ». Il n’apporte aucune donnée probante pour expliquer sa position, le chroniqueur Patrick Déry va d’ailleurs lui répondre. À noter que le SPVM reconnait le problème du profilage racial et la ville de Montréal a d’ailleurs été condamnée pour ceci l’été dernier.
  • Août 2024 | Le Royaume-Uni est secoué par des émeutes racistes et Mathieu considère que le multiculturalisme est en cause. Voici notre réponse.
  • Juillet 2024 | Notre grand champion critique sévèrement le désistement de Joe Biden pour les prochaines élections présidentielles aux États-Unis. Il tire une page du livre de Stephan Bureau et ajoute « On peut y voir un semi-putsch ne disant pas son nom », reprenant ainsi un élément de langage du camp républicain. Il s’émeut aussi du sort de l’ex-président Trump, qui a de justesse échappé à une tentative d’assassinat peu de temps avant : « Mais cela ne semble pas émouvoir grand monde. Ce n’était qu’un mâle blanc. Il faut ajouter qu’on ne cesse de le diaboliser, de l’hitlériser ».
  • Juin 2024 | Dans un segment sur QUB radio avec Richard Martineau, intitulé « Sioniste, le nouveau “sale juif” », les deux chroniqueurs se questionnent quant à la nature de l’islamophobie et de l’antisémitisme. Mathieu argumente que « Les islamistes sont parvenus à imposer dans nos sociétés l’idée que résister à l’islamisation des pays occidentaux, c’est de l’islamophobie ». Ils placent les deux formes de haines en opposition, quand Richard demande à son compère « tu ne trouves pas un peu indécent qu’actuellement, avec toute la montée de l’antisémitisme sur les campus, qu’on choisisse ce moment-là pour avoir un comité à la lutte à l’islamophobie? ». D’ailleurs, Mathieu explique la montée de l’antisémitisme en Occident ainsi : « Ce n’est pas un antisémitisme qui vient de leur fond, c’est un antisémitisme d’importation, c’est un antisémitisme islamiste ».
  • Mai 2024 | L’homme participe à la « controverse » d’une caisse Desjardins ayant utilisé un drapeau canadien sur une affiche portant sur le congé de la fête des Patriotes. « Canadianiser la fête des Patriotes revient à la dénaturer, à expulser les Québécois de leur propre histoire ». Il termine en précisant que « nous étions les premiers Canadiens »…
  • Février 2024 | Mathieu s’invente médecin et nutritionniste dans une chronique intitulée « Jusqu’où sacrifierons-nous le bien des enfants pour nous soumettre à l’idéologie trans radicale? ». Il affirme que le lait produit par une femme trans est de qualité inférieure, sans toutefois démontrer cette position d’une quelconque manière. Du point de vue de la communauté scientifique, le seul enjeu répertorié est au niveau du volume de lait produit. Il poursuit en présumant que la transidentité fait partie de « l’idéologie dominante » et que celle-ci « […] rêve d’une humanité hormonalement modifiée. Et demain, d’une humanité génétiquement modifiée. […] Fabriquer un univers mutant à partir du laboratoire de savants fous ». Par ici pour lire le rapport de la NHS Trust, mis en cause par Mathieu. Et par là pour un bref sommaire sur le sujet (incluant une étude menée en Chine sur cette même question). Ce site multilingue offre aussi une vaste documentation sur la même thématique.
  • Janvier 2024 | Mathieu publie un livre intitulé « Le totalitarisme sans le goulag ». Isabelle Hachey, de La Presse, publie en riposte une longue chronique truffée de sources et d’une bonne dose de nuances et de précisions par rapport aux affirmations de l’auteur.
  • Octobre 2023 | Notre grand champion se pose comme le défenseur des automobilistes, qui selon lui sont indûment diabolisés et « présentés comme de véritables barbares ». Face à une question pourtant fort intéressante (« l’adhésion des classes moyennes aux efforts pour lutter contre les changements climatiques »), il reste vague et se contente de mettre en cause l’écologie dite « punitive ».
  • Octobre 2023 | « La guerre contre l’école privée est une guerre injuste ». Le commentateur avance que devant la déconfiture de l’école publique : « L’école privée se présente alors à la manière d’une bouée de sauvetage ». Il termine en suggérant qu’il « serait immoral de lui compliquer la vie ».
  • Juillet 2023 | Une femme trans est couronnée Miss Pays-Bas et Mathieu n’est guère satisfait. Il explique la situation ainsi : « Il s’agit, je l’ai dit, d’une nouvelle étape, dans le déploiement de la théorie du genre, qui entend abolir l’homme et la femme, pour créer une humanité nouvelle, indifférenciée, traitant le masculin et le féminin comme des catégories résiduelles, périmées, réactionnaires, qui empêcheraient les humains d’atteindre leur plein potentiel ». On est éberlué de voir un sociologue de formation ignorer la différence entre la biologie et la réalité sociale.
  • Juin 2023 | Il pond un texte traitant de « l’imposition des drag queens aux enfants » en théorisant que c’est le produit du politiquement correct. Il argumente ensuite que l’objectif est en fait de déconstruire les identités : « Déconstruire les civilisations (en fait, la civilisation occidentale, pas les autres). Déconstruire les peuples (en fait, les peuples occidentaux, pas les autres). Déconstruire les sexes (et cela, en Occident, mais pas ailleurs). Et justement, pour déconstruire ces identités, les drag-queens sont essentielles. »
  • Mai 2023 | Il y a une tentative, dans une école du Québec, de remplacer la fête des Mères et celle des pères par celle des parents (tentative puisque le centre de service scolaire a désavoué la démarche). Mathieu écrit donc un texte pourfendant la « théorie du genre » ainsi que « l’apparition de l’idéologie trans radicale » sans établir un lien entre l’événement déclencheur et ses suppositions. D’ailleurs il utilise quasiment la même terminologie que Giorgia Meloni « Faut-il rappeler que cela fait plus de 10 ans qu’à travers le monde occidental, les formulaires administratifs remplaçant les termes père et mère par parent 1 et parent 2 se sont multipliés? » (on se demande d’ailleurs dans quel endroit ces formulaires sont utilisés?)
  • Mai 2021 | « L’écriture inclusive rend la langue illisible ». Il fait ainsi écho au ministre de l’éducation français de l’époque qui a en effet interdit l’utilisation de l’écriture inclusive dans les écoles de l’hexagone. Il nous explique que le concept « […] se réclame d’un néoféminisme conspirationniste » et qu’il n’y a pas si longtemps « l’administration montréalaise avait imposé à ses employés des séances de rééducation linguistique pour qu’ils apprennent à écrire avec ses codes et ses règles » (on note l’utilisation du terme « séances de rééducation », nomenclature chargée qui fait plutôt référence à la révolution culturelle chinoise ou à des traitements de kinésithérapie).
  • Septembre 2019 | Le sociologue Mark Fortier publie Mélancolies identitaires, un essai compilant ses réflexions alors qu’il passe une année à lire les textes de Mathieu Bock-Côté. Une lecture pas mal plus agréable que l’on pourrait présumer. Voici un extrait qui résume bien le texte : « MBC habite un pays sans vallées ni rivières, sans monts ni villages, sans boulevard Taschereau ni route 132; un pays sans poudrerie ni froidure, sans arbres ni moustiques, sans commerce ni argent, sans poètes ni ouvriers, et, assis au milieu de ce désert, angoissé par des mirages, il s’inquiète de disparaître. Je l’ai lu et écouté en détail, sans doute mieux que lui-même s’est lu et écouté. Je sais les spectres qui l’angoissent, mais je n’ai toujours pas compris quel est ce monde qu’il désire si violemment conserver » (p. 164).
  • Septembre 2018 | Le texte débute sur une histoire véridique : « Une femme, en Colombie-Britannique, s’est lancée dans une croisade au nom du droit des femmes à ne pas porter de brassière au travail ». Mathieu ridiculise ce mouvement en établissant une comparaison avec « ceux qui se sont vraiment battus pour les droits de la personne, au vingtième siècle, contre les dictatures atroces qui les bafouaient et les régimes totalitaires qui les écrasaient ». Or on n’établit pas la validité d’une lutte sociale en la comparant avec ses ancêtres, mais bien par ses propres qualités. Le sociologue termine sa chronique ainsi « C’est ainsi, progressivement, que des individus ou des groupuscules fanatiques s’emparent de l’agenda politique et nous soumettent idéologiquement ». On suggère fortement la lecture de cet article de radio-canada qui résume autrement la situation. Qui donc a mieux cerné l’enjeu?
  • Juillet 2017 | La prolifique Valérie Beauchamp d’À Babord nous offre une critique du cinquième livre de l’éditorialiste, Le nouveau régime. L’ouvrage couvre les marottes habituelles de Mathieu : « La religion multiculturaliste » et l’essentialisation des cultures « qui engendre des incompatibilités intrinsèques entre l’Occident blanc chrétien et l’islam [selon MBC] ». La lecture est fortement recommandée, le tout nous semble encore d’actualité à l’écriture de ces lignes, à la fin 2024.
  • Décembre 2016 | Mathieu nous apprend que « La guerre contre Noël se poursuit ». Il commence en conjurant un consensus chez le commun des mortels par rapport à l’existence de cette « guerre ». Il défend sa posture en faisant appel à un certain bon sens et à la décence. Il résume ainsi son état d’esprit « Dire Joyeux Noël, c’est aussi devenu une manière de rappeler implicitement que nous sommes chez nous et que ce coin du monde a reçu l’empreinte heureuse du christianisme ».
  • Décembre 2014 | La trame de fond : la guerre contre Noël. L’objet : le retrait d’une crèche de la nativité en Vendée. S’ensuit une liste d’exemples anecdotiques ainsi qu’une charge contre le multiculturalisme. Il explique que c’est un « laïcisme radicalisé » qui vise à retirer les crèches et autres symboles religieux de l’espace public. Résumé de son argument : « Mais pour les multiculturalistes, la démocratie ne sera vraiment qu’en intégrant publiquement les symboles identitaires et religieux des différentes communautés qui se sont implantées par l’immigration. La preuve en est que ce zèle suspect pour déchristianiser l’espace public s’accompagne souvent d’un militantisme pour favoriser la reconnaissance de l’Islam ».
  • Décembre 2011 | Second texte sur le sujet de la guerre contre Noël, il démarre avec quelques anecdotes prisent hors-contexte pour s’attaquer au multiculturalisme, il théorise que « Le phénomène relève d’abord d’une forme de “christianophobie” ambiante. Vomir sur notre héritage chrétien est devenu une habitude chez ceux qui se veulent hyper modernes. ». Il termine en précisant que « Le christianisme a laissé une empreinte profonde sur la civilisation occidentale. Et le peuple québécois appartient à la civilisation occidentale. Mieux vaut l’assumer ».
  • Décembre 2009 | Long texte pourfendant la rectitude politique, le multiculturalisme accompagné de plusieurs références à Orwell. Le sujet? La guerre contre Noël. On y apprend que « tout comme le socialisme, le multiculturalisme s’impose par une forme particulière de terreur idéologique, la rectitude politique, dont Orwell aura probablement été le premier théoricien » et que « Tous les ans, Noël devient pour un mois le principal objet de la guerre culturelle qui divise la majorité silencieuse et l’intelligentsia multiculturaliste. Cette “guerre de Noël” qui traverse désormais toutes les sociétés occidentales s’est imposée au Québec depuis quelques années. »
  • Mars 2006 | Il écrit une critique du multiculturalisme (enfin, sa conception de la chose) sur fond de l’affaire du kirpan.

Notes

Nous remercions Francis Dupuis-Déri qui a fait un excellent travail de recherche sur Mathieu (et d’autres) dans le cadre de son livre Panique à l’université.

Crédit de la photo : par Asclepias — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=55411228